par Julien Piccarreta, Le Daupiné Libéré, 16 novembre 2022
Cela a déjà été dit et redit, Voiron est une terre d’accueil des sports considérés comme mineurs ou émergents : basket 3×3, escalade, badminton… Le site de La Brunerie propose des installations bien souvent rares pour des disciplines dont le nombre de licenciés est incomparable avec des mastodontes comme le football ou le tennis.
Ce n’est donc pas un hasard si la halle Kilimandjaro est l’une des deux seules salles de l’Hexagone à proposer un terrain de roller hockey respectant les standards internationaux. Conséquence logique, c’est ici qu’a poussé, à la rentrée 2021, le tout premier Centre Permanent d’Entraînement (CPE) d’un sport qui comptait un petit peu plus de 16 000 pratiquants en France avant la crise du Covid.
À sa tête, on trouve le conseiller technique Fabrice Aye, qui a sous sa responsabilité vingt jeunes, dont deux filles, originaires du quart Sud-Est de la France. À terme évidemment, l’ambition est d’arriver à doter les quatre coins du pays de structures similaires à celle de Voiron.
Car aujourd’hui encore, et même au plus haut niveau national, c’est le système D qui s’impose quasiment partout pour les hockeyeurs à rollers. Membre des équipes de France jeunes [lire par ailleurs], le gardien de but Faust Venin ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur son nouveau centre d’entraînement : « Ça fait vraiment du bien d’être là. Les vestiaires sont grands et on se sent chez nous ».
Un sentiment renforcé par le fait que beaucoup de “cépéistes”, comme ils s’appellent entre eux, logent dans les bâtiments voisins de Tremplin sport formation.
L’exigence du haut niveau
Ce qui a l’avantage de les mêler à d’autres sportifs et sportives dans une atmosphère où règne « l’exigence du haut niveau », appuie avec satisfaction Fabrice Aye en saluant « la tradition d’accueil qu’il y a ici » et qui permet, selon lui, « d’optimiser » le temps de ses élèves. Tous scolarisés à Voiron.
« C’est comme un petit Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) », confirme en écho Hugo Rebuffet. La légende des Yeti’s Grenoble, club dont il a gardé la cage pendant deux décennies, est entraîneur au CPE. Et pour lui, pas de doute, le roller hockey c’est l’avenir : « Malheureusement, à part dans des pays où il est très implanté comme le Canada, le hockey sur glace va avoir du mal dans les prochaines années. Aujourd’hui, non seulement on ne construit plus de patinoire mais en plus, on ferme celles qui existent… » À l’inverse, souvent perçu comme une version low cost de son glorieux aîné hivernal, le roller hockey a pour lui l’avantage de l’adaptabilité. « On peut faire un terrain dans n’importe quel gymnase ou salle omnisports », assure Hugo Rebuffet. Tout en rêvant, évidemment, que la structuration en cours d’une discipline née au milieu des années 90 et dont il est l’un des pionniers en France, permettra de voir pousser, un peu partout à l’avenir, d’autres CPE. Sur le modèle de Voiron. .
De l’Isère aux Mondiaux
Licencié au club du Grand-Lemps, Faust Venin est l’un des huit pensionnaires (sur vingt)du CPE de La Brunerie à faire partie des différentes équipes de France. Dernièrement, il a ainsi gardé la cage des Bleuets lors des championnats du monde U19 organisés en Argentine, à l’occasion des World skate games. Une performance quand on sait qu’il n’a que 16 ans. Mais son expérience à l’autre bout du globe lui a laissé un goût amer : « On a fini 5ème alors qu’on a perdu qu’un seul match sur les huit qu’on a joués… » Oui mais voilà, le match en question était celui « qu’il ne faut pas perdre », soulignent Fabrice Aye et Hugo Rebuffet. À savoir le quart de finale.
L’entraîneur grenoblois suit Faust (et ses deux frères également “cépéistes”) depuis son plus jeune âge. Ils se sont même croisés en Argentine puisque Hugo Rebuffet est coach adjoint de l’Equipe de France seniors. Si cette dernière a, elle, passé le cap des quarts dans la compétition, elle s’est inclinée de peu contre la République tchèque, l’une des grandes nations d’un sport où la France, malgré son manque d’infrastructures, est désormais prise très au sérieux.